La sono retentissait, l’alcool coulait à flot et l’ambiance était plutôt festive. Quelques courageux avaient sorti le maillot de bain (ou pas) et nageaient dans la piscine de ce qui était un immense jardin. L’alcool faisait visiblement oublier la fraîcheur ambiante. Encouragée par quelques convives, Sia se déhanchait sur une table au rythme de la musique. Aaah quelle ambiance ! Elle avait bien fait de squatter. C’était ce genre de soirée à l’américaine où il y avait tant de personnes autour de vous qui ne se connaissaient pas… Un peu de tchatche, adopter un air sûr de soi et tranquille et vous vous faisiez passer pour l’ami de tel ou tel de sorte que personne ne savait précisément d’où vous sortiez mais que tout le monde s’en foutait. Elle présentait bien, elle était mignonne, se donnait l’air friquée, et personne ne se posait de questions.
Sacré barraque se dit Sia. Elle tourna sur elle-même, les bras grands ouverts et la tête en arrière, savourant l’instant, avant de brusquement perdre l’équilibre et de chuter. Elle se retrouva dans les bras d’une personne à qui elle adressa un grand sourire de remerciement.
Comment était-elle arrivée ici déjà ? Ah oui, tout avait commencé avec son canular téléphonique…
____
-Je voudrais deux pizzas quatre fromages, et trois hawaïenne, s’il vous plaît.Sia raccrocha quelques instants plus tard en ricanant. C’était la quatrième commande qu’elle passait et ce n’était pas terminé ! Petite vengeance pour l’un de ses voisins qui avait pris l’habitude d’avoir des ébats particulièrement sonores à des heures impossibles. Oh allez ! Cette histoire faisait marrer Sia au fond. Soit le mec était un sacré dieu au lit, soit l’un des deux simulaient vraiment très mal. Cela dit, ça commençait à se répéter un peu trop souvent. Si d’autres voisins s'étaient directement plaint en vain, la jeune femme avait décidé d’adopter le plan PVBMR : petite vengeance avec bassesse à mourir de rire. Ca ne changerait rien à la situation, mais au moins elle se paierait un bon fou rire en imaginant les livreurs de pizzas débarquer toutes les 15 minutes chez le voisin alors qu’elle le savait présent sur place et en compagnie de sa petite amie du moment.
Alors qu’elle posait son téléphone sur la table du café où elle s’était installée pour s’accorder une minute de répit, elle avait surpris la conversation de deux jeunes hommes sur la mezzanine. Ils parlaient d’une soirée sur la colline. Au ton de la conversation et vu le look des gars, Sia avait saisi que ça allait être quelque chose de gros. Une soirée un peu bourgeoise comme les américains savaient si bien faire. Et voilà qu’ils lui donnaient le nom de la rue… Si ce n’était pas une invitation, ça, franchement !
Qu’avait-elle à faire ce soir ? Voyooooons… Ah oui ! Rien du tout.
Bien, elle irait donc faire un tour sur la colline aux lanternes, histoire de voir si elle pouvait s’incruster et passer un bon moment. Oh, elle ne manquerait pas de se déguiser car ce genre d’endroit regorgeait de smartphone, mais ça ne l'empêcherait pas de passer un bon moment…
Et voilà qu’elle s’était préparée en conséquence.
Une perruque, un bon maquillage pour transformer un peu ses traits et elle était parée !
Les choses s’étaient passées exactement comme elle s’y attendait. En arrivant, elle avait alpagué un groupe qui s’apprêtait à rentrer, s'était mêlée à eux et avait sympathisé. Et hop, elle avait investi les lieux. Une baraque immense, de la bouffe et de l’alcool, de la musique… De quoi passer un bon moment.
Danser sur la table avait été plus ou moins dans la continuité des choses après s’être trémoussée un moment au sol.
Se casser la figure, en revanche, n’était pas prévu au programme. Il faut dire que ses talons hauts n’aidaient pas trop à la stabiliser. Plus de peur que de mal cela dit, puisqu’elle se redressaient déjà en époussetant ses vêtements.
-
Et ben ! C’était moins une ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire.
Tu n’as pas faim ? dit-elle en apostrophant une jeune femme.
Etais-ce la personne qui l’avait rattrapé ? Quelqu’un qui passait dans le coin ? Qu’importe, Sia avait eut envie de lui parler et l’avait donc fait.
-J’ai vu des petits gâteaux très appétissants dans la cuisine. On va y faire un saut en mode commando furtif ? proposa t-elle sur le ton de la confidence, en gratifiant la demoiselle d’un clin d’oeil.