It's some kind of magic - Adrian

Pour le moment, Marisol aurait pris le pansement plutôt que le véritable traitement de son petit problème de poils, très honnêtement. Et savoir qu’Adrian était tout de même près à l’envisager dénoua légèrement son estomac. Légèrement parce que ça ne changeait rien au fait qu’elle avait réussi à se mettre dans le pétrin sans trop savoir comment.

« Si je peux travailler en attendant, vous pouvez prendre tout le temps que vous voulez, je ne suis pas pressée. C’est sûr que je serais soulagée quand cette histoire sera derrière moi, ça… Mais bon, je ne veux pas non plus que vous vous lanciez dans des trucs que vous désapprouvez, ou que vous vous sentiez sous pression à cause de moi. C’est déjà gentil de m’aider. »

Comment payait-on un mage pour ses services ? Est-ce que ce serait mal perçu ? Parce que l’espagnole, elle, était assez mal à l’aise à l’idée de l’exploiter sans rien lui donner en retour, pour être honnête. La trentenaire prit finalement le volant pour les conduire tous les deux à son appartement. La chèvre d’Hakon se fit remarquer lorsqu’ils passèrent devant l’appartement, ce qui aurait habituellement fait rire sa collègue, mais Adrian ne réagit même pas. Au moins, tout était propre et bien rangé. Marisol n’était pas du genre à laisser le désordre s’installer, bien au contraire.

« Allez-y. Faites comme chez vous. »

Elle emboîta tout de même le pas au magicien, espérant tout de même qu’il retrouverait la source de la malédiction, sans trop y croire. Ça aurait été trop beau, et de fait, leurs recherches ne menèrent à rien. A être sur place, la propriétaire des lieux avait bien eu quelques idées d’objets qu’elle avait présenté à son compagnon, sans que grand chose n’en ressorte.

Adrian revint donc vers elle pour discuter leurs options. Ce qui lui valut un moment de silence alors que Marisol réfléchissait. De temps en temps, son regard revenait vers le mage. Vu la façon dont on lui avait parlé de lui, elle imaginait qu’il serait capable de gérer le problème de la démone en soi. Le souci, c’est qu’on parlait d’un homme contre un beau troupeau de monstruosités en tous genres, et que les dégâts qui en résulteraient seraient… Potentiellement catastrophiques pour la ville ? L’espagnole ne voulait pas être responsable de ça, ni mettre quelqu’un de si bienveillant en danger.

« Je préfèrerais qu’on essaie pas de la retrouver. Je… Honnêtement, moins on se rapproche d’elle, mieux on se porte, et je préfère faire autrement, quitte à ce que ça prenne plus de temps. »

Mal à l’aise, Marisol leva un oeil hésitant vers l’Archimage.

« Je suis vraiment désolée de vous mêler à tout ça, si vous saviez. »

Peut-être que si elle s’était mieux informée sur la magie, elle aurait au moins pu se protéger de tout cela.

« Vous croyez que… Vous pourriez m’aider aussi avec mon apprentissage ? Je ne peux pas continuer comme ça, et si cette… Sorcière s’en est pris à moi, qu’est ce qui empêcherait quelque chose d’autre de le faire ? Sans compter que mon jeu pourrait être dangereux entre les mauvaises mains. Certains Arcanes sont… Enfin, pas pour n’importe qui. »

Adrian ne fut pas très étonné d'entendre la réponse de Marisol : il aurait été étonné qu'elle décide de se lancer à la poursuite de cette femme – ou créature – alors qu'elle semblait la craindre, ou redouter quelque chose chez elle. Bien sûr, la tentation d'enquêter malgré tout était présente, mais le centenaire n'était pas du genre à mettre son nez dans les affaires des autres. Il allait donc obéir à sa demande, mais nota tout de même dans un coin de son esprit qu'il devrait sérieusement surveiller l'apparition d'autres malédictions de ce type. Si une créature dangereuse sévissait à Star City, il devait être au courant.

« Bien, je comprends. Nous ferons comme ça alors. »

Le ton était posé et il était franc, Marisol ne manquerait pas de le remarquer. Mais cela ne l'empêchait pas de culpabiliser semble-t-il, ce qui ne manqua pas de faire sourire le vieux mage qui secoua légèrement la tête.

« Vous avez conscience que ce je fais à cet instant, c'est précisément ce que demande mon rôle d'Archimage ? Vous n'avez pas à être désolée, je ne fais rien de plus que mon travail. »

Évidemment, le centenaire doutait du fait que ces paroles suffisent à rassurer la jeune femme qui semblait être du genre à se mettre la pression pour un rien, mais tout de même.

Lorsqu'elle reprit la parole afin de l'interroger sur un éventuel apprentissage, Adrian dut admettre qu'il était étonné. Il n'aurait pas pensé qu'elle voudrait en arriver là tant la magie semblait la gêner ! Mais c'était une bonne chose, et évidemment, Adrian serait ravi de pouvoir l'assister et lui prêter main forte. En plus, cela lui permettrait d'en apprendre davantage sur ce fameux jeu de carte magique.

« Bien sûr que je le peux, et j'en serais ravi. Je pense que vous avez raison de faire ce choix : en maîtrisant davantage vos arcanes, vous prendrez confiance en vous et vous serez plus à l'aise avec votre magie. » Pas forcément avec les autres, mais ce serait un bon début. « Nous pourrons débuter dès que vous vous sentirez prête. Et nous irons au rythme qui vous convient. » Il inspira profondément. « En attendant, je vais rentrer chez moi et effectuer quelques recherches pour trouver comment vous libérer de cette malédiction, puis je vous recontacterai lorsque ce sera bon ? Ça ne prendre guère plus de quelques jours je pense. »

Juste le temps de s'assurer qu'il avait bien pensé en préparant la suite dans sa tête, puis en prévoyant le rituel dont il aurait besoin.

Spoiler:

Même avec la culpabilité qui la tenaillait vis-à-vis de toute cette situation, l’espagnole devait bien admettre être soulagée du concours du magicien, et surtout de l’absence de curiosité évidente. Il s’informait sans se montrer envahissant, et quoique la trentenaire ne soit pas idiote et se doute qu’il pourrait avoir envie de se renseigner de son côté, il n’avait pas l’air de vouloir outrepasser les limites qu’elle avait décidé de poser. Pour la sécurité de l’homme autant que pour la sienne, s’il fallait se montrer honnête. Marisol n’avait aucune envie que la démone ne se rapproche de nouveau de sa vie, quelles que soient les circonstances.

« Merci beaucoup. »

Il avait beau dire que c’était son travail d’Archimage, elle ne se sentait pas forcément bien plus à l’aise de l’avoir solliciter. A dire vrai, elle n’avait qu’une conscience assez vague de ce que ça pouvait représenter. Ce n’était pas comme si elle était une grande spécialiste du monde magique. Réaliser qu’en parallèle de la société parfaitement normale dans laquelle elle avait grandi, il y avait des familles entières tournées vers cet art, ça lui avait déjà semblé tellement… Hors du commun ? Comprendre que c’était plus vaste que cela avait été encore plus délicat.

« Je suppose… Bah, je sais pas comment vous dire ça, honnêtement. C’est juste que je n’ai plus l’habitude d’avoir besoin d’aide, puis je sais pas. Que vous soyez Archimage ou pas, ça change rien. Je suis même pas certaine d’être sûre de ce que ça veut dire pour vous. »

Mise à part sa longévité, mais Marisol n’allait pas retourner traîner de ce côté là. Elle n’avait pas envie de refaire un faux pas. Elle était toujours en train de se remettre du précédent. Ceci étant, cela ne l’empêcha pas de solliciter un peu d’aide de la part d’Adrian. Non, ça ne l’enchantait pas de devoir s’impliquer toujours plus, mais elle avait décidé de garder son jeu. Qu’elle le veuille ou non n’entrait pas en ligne de compte : apprendre était une nécessité qu’elle ne pouvait pas retarder plus par caprice.

Autant dire que de ne pas devoir insister lui fit plutôt plaisir. Un soupir soulagé franchit les lèvres de l’espagnole quelques secondes avant un petit rire vaguement gêné.

« Je… Merci beaucoup. Je vous recontacterai dès que j’aurais pu me libérer un peu de temps, dans ce cas là. »

La caporale se redressa légèrement, un sourire hésitant sur ses traits.

« Ou j’attendrais que vous me donniez des nouvelles de la malédiction. D’ici là, je devrais avoir un peu de visibilité sur mon planning pour la suite. »

Il fallait bien qu’elle s’adapte à son emploi dont le rythme était un peu particulier. Les équipes étaient parfois contraintes de rester disponibles pendant les nuits, d’autres fois pendant les week-ends, puisque les catastrophes ne respectaient pas vraiment les jours ouvrés et les temps de repos.